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que nous ne pouvions être unis pour toujours, et que c’était un devoir sacré pour moi de respecter son repos : je lui donnais donc des conseils de prudence, tout en l’assurant de mon amour. Mais plus je lui donnais des conseils de ce genre, moins elle était disposée à m’écouter. En même temps je craignais horriblement de l’affliger. Dès que je voyais sur son visage une expression de douleur, sa volonté devenait la mienne : je n’étais à mon aise que lorsqu’elle était contente de moi. Lorsqu’en insistant sur la nécessité de m’éloigner pour quelques instants, j’étais parvenu à la quitter, l’image de la peine que je lui avais causée me suivait partout. Il me prenait une fièvre de remords qui redoublait à chaque minute, et qui enfin devenait irrésistible ; je volais vers elle, je me faisais une fête de la consoler, de l’apaiser. Mais à mesure que je m’approchais de sa demeure, un sentiment d’humeur contre cet empire bizarre se mêlait à mes autres sentiments. Ellénore