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compromettre. Elle se plaignit à moi de ce changement. Que voulez-vous ? lui dis-je avec impatience : vous croyez sans doute avoir fait beaucoup pour moi ; je suis forcé de vous dire que vous vous trompez. Je ne conçois rien à votre nouvelle manière d’être. Autrefois vous viviez retirée ; vous fuyiez une société fatigante ; vous évitiez ces éternelles conversations qui se prolongent précisément parce qu’elles ne devraient jamais commencer. Aujourd’hui votre porte est ouverte à la terre entière. On dirait qu’en vous demandant de me recevoir, j’ai obtenu pour tout l’univers la même faveur que pour moi. Je vous l’avoue, en vous voyant jadis si prudente, je ne m’attendais pas à vous trouver si frivole.

Je démêlai dans les traits d’Ellénore une impression de mécontentement et de tristesse. Chère Ellénore, lui dis-je en me radoucissant tout à coup, ne mérité-je donc pas d’être distingué des mille importuns qui vous assiègent ? l’amitié n’a-t-elle pas ses secrets ? n’est-elle