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fort : dès qu’il paraît, on sent qu’il domine tout ce qui l’entoure. Il peut avoir à combattre les circonstances, mais non les devoirs, car il est lui-même le premier des devoirs, et il garantit l’accomplissement de tous les autres. Il ne peut conduire à des actions coupables, il ne peut descendre au crime, ni même à la ruse, car il démentirait sa nature, et cesserait d’être lui. Il ne peut céder aux obstacles ; il ne peut s’éteindre, car son essence est immortelle. Il ne peut que retourner dans le sein de son créateur.

C’est ainsi que l’amour de Thécla est représenté dans la pièce de Schiller. Thécla n’est point une jeune fille ordinaire, partagée entre l’inclination qu’elle ressent pour un jeune homme et sa soumission envers son père ; déguisant ou contenant le sentiment qui la domine, jusqu’à ce qu’elle ait obtenu le consentement de celui qui a le droit de disposer de sa main ; effrayée des obstacles qui menacent son bonheur ; enfin, éprouvant elle-même et don-