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ment des héros et de leurs confidents, qui, comme on vient de le voir, ne sont que des machines dont la nécessité nous fait pardonner l’invraisemblance, il y a, sur un second plan, une seconde espèce d’acteurs, spectateurs eux-mêmes, en quelque sorte, de l’action principale, qui n’exerce sur eux qu’une influence très-indirecte. L’impression que produit sur cette classe de personnages la situation des personnages principaux m’a paru souvent ajouter à celle qu’en reçoivent les spectateurs proprement dits. Leur opinion est, pour ainsi dire, devancée et dirigée par un public intermédiaire, plus voisin de ce qui se passe, et non moins impartial qu’eux.

Tel devait être, à peu près, si je ne me trompe, l’effet des chœurs dans les tragédies grecques. Ces chœurs portaient un jugement sur les sentiments et les actions des rois et des héros, dont ils contemplaient les crimes et les misères. Il s’établissait, par ce jugement, une correspondance morale entre la scène et le