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elle-même, par sa véhémence, acheva de me décider. J’avais été absent tout le jour ; le baron m’avait retenu chez lui après l’assemblée ; la nuit s’avançait. On me remit, de la part d’Ellénore, une lettre en présence du baron de T***. Je vis dans les yeux de ce dernier une sorte de pitié de ma servitude. La lettre d’Ellénore était pleine d’amertume. Quoi ! me dis-je, je ne puis passer un jour libre ! Je ne puis respirer une heure en paix. Elle me poursuit partout, comme un esclave qu’on doit ramener à ses pieds ; et, d’autant plus violent que je me sentais plus faible : Oui, m’écriai-je, je le prends, l’engagement de rompre avec Ellénore, j’oserai le lui déclarer moi-même, vous pouvez d’avance en instruire mon père.

En disant ces mots, je m’élançai loin du baron. J’étais oppressé des paroles que je venais de prononcer, et je ne croyais qu’à peine à la promesse que j’avais donnée.

Ellénore m’attendait avec impatience. Par