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son genre de vie. Je démêlai par ses discours qu’elle attribuait à la solitude dans laquelle nous vivions le mécontentement qui me dévorait : elle épuisait toutes les explications fausses avant de se résigner à la véritable. Nous passions tête à tête de monotones soirées entre le silence et l’humeur ; la source des longs entretiens était tarie.

Ellénore résolut d’attirer chez elle les familles nobles qui résidaient dans son voisinage ou à Varsovie. J’entrevis facilement les obstacles et les dangers de ses tentatives. Les parents qui lui disputaient son héritage avaient révélé ses erreurs passées, et répandu contre elle mille bruits calomnieux. Je frémis des humiliations qu’elle allait braver, et je tâchai de la dissuader de cette entreprise. Mes représentations furent inutiles ; je blessai sa fierté par mes craintes, bien que je ne les exprimasse qu’avec ménagement. Elle supposa que j’étais embarrassé de nos liens, parce que son existence était équivoque ; elle n’en fut