Page:Constant - Adolphe.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.

main de bonne heure, et je rentrai chez mon père. Il y avait beaucoup de monde ; il me fut facile, dans une assemblée nombreuse, de me tenir à l’écart et de déguiser mon trouble. Lorsque nous fûmes seuls, il me dit : On m’assure que l’ancienne maîtresse du comte de P*** est dans cette ville. Je vous ai toujours laissé une grande liberté, et je n’ai jamais rien voulu savoir sur vos liaisons ; mais il ne vous convient pas, à votre âge d’avoir une maîtresse avouée ; et je vous avertis que j’ai pris des mesures pour qu’elle s’éloigne d’ici. En achevant ces mots, il me quitta. Je le suivis jusque dans sa chambre ; il me fit signe de me retirer. Mon père, lui dis-je, Dieu m’est témoin que je voudrais qu’elle fût heureuse, et que je consentirais à ce prix à ne jamais la revoir ; mais prenez garde à ce que vous ferez ; en croyant me séparer d’elle, vous pourriez bien m’y rattacher à jamais.

Je fis aussitôt venir chez moi un valet de chambre qui m’avait accompagné dans mes