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de l’oppression de ses ennemis que rougir des excès de ses alliés ! On rencontre alors l’approbation de tout ce qu’il y a de vertueux sur la terre. On plaide une noble cause, en présence du monde, et secondé par les vœux de tous les hommes de bien.

Jamais un peuple ne se détache de ce qui est véritablement la liberté. Dire qu’il s’en détache, c’est dire qu’il aime l’humiliation, la douleur, le dénûment et la misère ; c’est prétendre qu’il se résigne sans peine à être séparé des objets de son amour, interrompu dans ses travaux, dépouillé de ses biens, tourmenté dans ses opinions et dans ses plus secrètes pensées, traîné dans les cachots et sur l’échafaud. Car, c’est contre ces choses que les garanties de la liberté sont instituées ; c’est pour être préservé de ces fléaux que l’on invoque la liberté. Ce sont ces fléaux que le peuple craint, qu’il maudit, qu’il déteste. En quelque lieu, sous quelque dénomination qu’il les rencontre, il s’épouvante, il recule. Ce qu’il abhorrait dans ce que ses oppresseurs appelaient la liberté, c’était l’esclavage. Aujourd’hui l’esclavage s’est montré à lui sous son vrai nom, sous ses véritables formes. Croit-on qu’il le déteste moins ?


III

Les peuples devraient s’instruire par l’exemple de Buonaparte, dont l’histoire est trop récente, pour que les leçons qu’elle nous offre soient déjà perdues. Personne n’a plus travaillé que cet homme à ressusciter le dogme du droit divin. Il s’est fait sacrer par le chef de