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l’État, prérogative qui donne à la monarchie un trésor d’opinion inépuisable, qui fait de tous les amours-propres autant de serviteurs, de toutes les ambitions autant de tributaires.

Voilà certes une carrière vaste, des attributions imposantes, une grande et noble mission ; et ces conseillers seraient mauvais et perfides, qui présenteraient à un monarque constitutionnel, comme objet de désir ou de regret, cette puissance despotique, sans bornes ou plutôt sans frein, qui serait équivoque, parce qu’elle serait illimitée, précaire, parce qu’elle serait violente, et qui pèserait d’une manière également funeste sur le prince, qu’elle ne peut qu’égarer, et sur le peuple qu’elle ne sait que tourmenter ou corrompre[1].


  1. Comparer avec ce chapitre le livre de M. John Stuart Mill, Considérations sur le gouvernement représentatif, traduit par M. Dupont-White, Paris, 1861. 1 vol. in-18.