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ce que vous avez fait pour la liberté, vous n’effacerez point ce qu’ils vous accusent d’avoir fait pour l’anarchie.

Rassurés sur vos intentions, les républicains vous recevront avec reconnaissance, comme d’utiles et honorables alliés. Tout ce que vous avez fait pour la liberté est un mérite à leurs yeux.

Les aristocrates vous reprochent des actions. Ces actions, vous ne pouvez ni les nier, ni les effacer. Vos intentions seules sont suspectes aux républicains, et vous pouvez facilement prouver que vous n’en eûtes jamais de blâmables, ou que vous les avez abjurées.

Entre les aristocrates et vous, vous ayez besoin de pardon. Entre les républicains et vous, il n’est besoin que de confiance.

Et ne dites pas que la confiance est difficile à établir, que les républicains sont défiants, exclusifs, intraitables ; la vérité est toute-puissante, et j’en appelle à vous-mêmes : ne sentez-vous pas ce que vous n’avez pas fait, et ce que vous pouvez faire pour la mériter ?

Mais, il ne faut pas vous le déguiser : ce n’est pas en protestant de votre attachement pour les institutions, et de votre haine pour les hommes : ce n’est pas en protégeant tout ce qui menace la république, en vous servant contre la liberté des armes que la liberté vous donne : ce n’est pas en applaudissant à des écrivains audacieusement ou insidieusement contre-révolutionnaires : ce n’est pas en encourageant toutes les calomnies que l’on verse sur des hommes qui, pendant deux ans, ont gémi sous la tyrannie, qui l’ont combattue, qui l’ont renversée, et qui depuis sa chute ont, de toute leur puissance, servi la liberté : ce n’est pas ainsi que vous prouverez votre franchise. On n’aime pas les institutions dont on persécute ou dont on insulte les auteurs.