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times. Ils la combattirent au moment où ils la virent s’élever. Ils appelèrent à leur secours tous ceux que des motifs pressants, l’intérêt de leur repos, de leur fortune, de leur vie, auraient dû engager à se réunir à eux. D’absurdes ressentiments, un timide égoïsme, un désir stupide d’être vengé de ses vainqueurs, même par ses assassins, empêchèrent cette réunion. Les républicains furent abandonnés ; ils succombèrent. Mais leur chute fait leur apologie ; leur mort répond à ces vils calomniateurs, ou à ces hommes aigris, qui représentent les premiers ennemis de Robespierre comme ses complices, les martyrs de l’ordre social comme ses destructeurs, Relisez ces discours, où vainement ils vous invoquaient à l’appui des lois. Retracez-vous cette lutte inégale et courageuse, qu’ils soutinrent longtemps, seuls, sans défense, au milieu de vous, spectateurs alors immobiles, aujourd’hui leurs accusateurs.

La terreur commença par leur défaite, et s’affermit sur leurs tombeaux. Vous cherchez vainement à reculer l’époque. Des désordres particuliers, des calamités affreuses, mais momentanées, mais illégales, ne constituent point la terreur. Elle n’existe que lorsque le crime est le système du gouvernement, et non lorsqu’il en est l’ennemi ; lorsque le gouvernement l’ordonne, et non lorsqu’il le combat ; lorsqu’il organise la fureur des scélérats, non lorsqu’il invoque le secours des hommes de bien.

La terreur s’établit en France, après la chute des premiers républicains, après la fuite, l’emprisonnement et la proscription de leurs amis.

Il ne faut donc pas confondre la république avec la terreur, les républicains avec leurs bourreaux. Il ne faut pas surtout faire l’apologie du crime et la satire de la vertu. Puisqu’enfin vous voulez adopter la république,