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électeur, l’assemblée fut convoquée le jour d’une fêle à Romainville ; j’y avais alors une petite campagne ; ma femme m’engagea à l’y conduire au lieu d’aller voter. Beaucoup de mes amis et de mes confrères en firent autant pour leurs femmes. Il y avait un homme que nous désirions beaucoup voir élu, parce qu’il ôtait modéré, et qu’il avait lutté, l’année précédente, contre le Directoire qui nous tourmentait ; mais l’élection eut lieu sans nous, et un commissaire du pouvoir exécutif, comme on l’appelait alors, fut choisi à sa place. Si, par hasard, l’élection a lieu un dimanche, ma femme dira ce qu’elle voudra, je n’irai pas à la campagne. Si nous avons de bons députés, nous aurons assez de jours de fêtes[1].


  1. Dans la préface de l’édition de 1818, Benjamin Constant dit avec raison en rappelant les divers écrits qu’il avait publiés sur le système électoral : « Les maximes établies, comme devant diriger les électeurs dans leur choix, sont indépendantes de toutes circonstances. Il sera certain dans cent ans, comme aujourd’hui, qu’il ne faut pas charger ceux qui profitent des mesures arbitraires de réprimer les mesures arbitraires ; ceux qui s’enrichissent par les dépenses publiques, de limiter les dépenses publiques ; ceux qui sont payés par le produit des impôts, de diminuer la masse des impôts ; ceux qui doivent leur fortune et leur lustre aux prérogatives de l’autorité, de s’opposer à l’accroissement de l’autorité. »