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journaux me disent de n’y pas manquer, parce que les factieux s’y rendront en foule. Je ne crois pas qu’il y ait tant de factieux, je sais que les journaux sont peu dignes de foi. Je suivrai pourtant ce conseil, parce qu’il est bon d’ailleurs.

Il paraît que la liste des éligibles ne sera remise qu’au président. C’est singulier et fâcheux, car nous ne la connaîtrons guère, et nous n’aurons pas le temps de la lire. On dit qu’on y suppléera par des listes abrégées sur le bureau, qui nous dispenseraient de cette lecture. Je ne veux me dispenser de rien : il me plaît de prendre de la peine, et je ne consulterai point les petites listes sur le bureau. Je m’assurerai d’avance que ceux que je veux nommer sont éligibles, et j’apporterai mon bulletin avec moi pour qu’il soit écrit bien lisiblement, avec toutes les désignations de chacun, sans quoi il serait nul et mes pas seraient perdus.

J’ai une autre raison d’apporter mon bulletin tout fait, c’est que nous serons cinq à six cents électeurs, et que le scrutin ne sera ouvert qu’environ six heures : or, s’il fallait que cinq à six cents personnes écrivissent chacune le nom de leurs candidats sur le bureau même, l’opération de s’asseoir, de prendre une plume et d’écrire ces noms, prendrait pour chaque votant plus d’une minute, et il faudrait neuf à dix heures pour être sûr de voter.

Avant que l’empire nous eût dépouillés de notre droit, par l’invention des colléges électoraux, j’avais été membre deux fois d’assemblées électorales. Tâchons de me rappeler les ruses qu’on a essayées pour me tromper.

Une fois, on m’a dit que le candidat que je voulais nommer était mort ; une autre fois, qu’il avait fait banqueroute. Il se portait à merveille, il ne devait rien à