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d’administration, une chose seulement est constitutionnelle : c’est que ces mesures soient prises, et ces lois faites d’après les formes que la constitution prescrit.

Quand on dit : La constitution ! l’on a raison. Toute la constitution ! l’on a encore raison ; mais lorsqu’on ajoute : Rien que la constitution ! l’on ajoute une ineptie. La constitution, et tout ce qui est nécessaire pour faire marcher la constitution, cela seul est sensé.

Avec ces principes, le gouvernement, j’entends par ce mot les dépositaires réunis des autorités exécutive et législative, le gouvernement n’a aucun besoin d’arbitraire. Sans ces principes, il sera forcé d’y recourir sans cesse.

Si vous lui imposez d’autres devoirs que de rester fidèle aux bases constitutionnelles, et de faire en conformité avec ces bases, et d’après les formes prescrites, des lois égales pour tous, et des lois fixes, vous lui imposez des devoirs qu’il ne peut remplir.

Gardez-vous d’instituer une constitution tellement étroite qu’elle entrave tous les mouvements que nécessitent les circonstances. Il faut qu’elle les circonscrive et non qu’elle les gêne ; qu’elle leur trace des bornes et non qu’elle les comprime.

Par là vous écarterez l’arbitraire, que les ambitieux ne demandent pas mieux que d’invoquer au premier prétexte, comme un remède indispensable. Vous préviendrez les révolutions, qui ne sont que l’arbitraire employé à détruire ; vous mettrez un terme aux réactions, qui ne sont que l’arbitraire employé à rétablir.

Ce qui, sans l’arbitraire, serait une réforme, par lui devient une révolution, c’est-à-dire un bouleversement. Ce qui, sans l’arbitraire, serait une réparation, par lui