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cautions défensives qui, dans le sein de chaque nation, absorbent, au détriment des fonctions naturelles et productives, une grande partie de la force vive la mieux concentrée, la mieux régularisée. Cependant, en examinant isolément chaque nation, nous reconnaîtrons qu’elles tendent généralement à la formation d’une unité partielle de plus en plus parfaite, et que quelques-unes d’entre elles, les plus vivaces, les plus vigoureuses ou les mieux organisées, travaillent à élargir la sphère de leur vie restreinte et menacent d’embrasser et de confondre dans leur sein les nations soumises à des lois différentes. On est porté à croire qu’il se passe parmi les éléments constitutifs de l’humanité future des phénomènes semblables à ceux que l’on observe dans la formation des corps vivants organisés. Le développement des différents centres de vitalité, dans les premiers moments de l’évolution des germes, est antérieur à l’établissement des relations entre ces divers centres, et ce n’est qu’au fur et à mesure du perfectionnement des appareils organiques que la vie de relations se manifeste, et qu’elle tend à produire l’unité. Plusieurs autres lois très-remarquables que l’on observe dans le travail de formation des êtres du règne animal se reproduisent dans la seule élaboration de l’unité humaine. Ainsi les organes des corps du règne animal n’apparaissent et ne se forment que successivement. Avant qu’ils aient déterminé par leurs développements successifs et complets l’état normal de l’être qu’ils constituent, ils présentent, aux différentes époques de leur développement imparfait, tous les états normaux de l’organisme des êtres appartenant aux degrés inférieurs. Des faits analogues se remarquent dans le développement de la vie sociale. À l’origine des sociétés, il n’existe que des familles sans lien et toutes occupées des mêmes fonctions. Plus tard, des institutions dont le germe existait déjà primitivement apparaissent suivant les âges et prennent des développements qui modifient la constitution sociale première et rendent son organisation plus complexe ; de telle sorte que les sociétés, comparables d’abord, par la parité de leurs éléments organiques et la nullité des relations, aux êtres des derniers degrés de l’échelle, se rapprochent continuellement du type de l’organisation la plus parfaite. L’identité première des éléments constitutifs est remplacée par une appropriation de plus en plus complète de ces éléments à des fonctions spéciales qui se coordonnent, se combinent et tendent à l’accomplissement d’une fonction supérieure qui est la vie sociale.

Notre but n’était pas d’exposer l’analogie et les différences qui existent entre les divers développements de la vie organique. Nous nous bornerons, sur cette étude, aux indica-