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description du phalanstère

tains si vaporeux, aux parfums si doux ? quand vous en revenez le soir, de la santé au corps et de la vie à l’âme, et que vous rentrez dans vos villes fétides, et que vous respirez leur air qui pue, leurs miasmes qui tuent, quoi donc ! vous ne comprenez pas ?…

Et quand vous voyez mourir vos petits enfants et Vos jeunes filles de dix-sept ans, vous dites : « Le Mal est une Nécessité, la terre est au Mal, l’homme est au Mal, c’est Dieu qui le veut. » — C’est Dieu qui le veut ! !… Oh taisez-vous ! taisez-vous, car vous blasphémez Dieu !…

Est-ce Dieu qui a fait Paris, — ou les hommes ?…

Regardez. Répondez. Voilà Paris :

Toutes ces fenêtres, toutes ces portes, toutes ces ouvertures, sont autant de bouches qui demandent à respirer : — et au-dessus de tout cela vous pouvez voir, quand le vent ne joue pas, une atmosphère de plomb, lourde, grise et bleuâtre, composée de toutes les exhalaisons immondes de la grande sentine. — Cette atmosphère-là, c’est la couronne que porte au front la grande capitale ; — c’est dans cette atmosphère que Paris respire ; c’est là-dessous qu’il étouffe… — Paris, c’est un immense atelier de putréfaction, où la misère, la peste et les maladies travaillent de concert, où ne pénètrent guère l’air ni le soleil. Paris, c’est un mauvais lieu où les plantes s’étiolent et périssent, où, sur sept petits enfants, il en meurt quatre dans l’année.

Les médecins qui ont porté des secours à domicile, au temps du choléra, et qui ont pénétré dans les tanières des classes pauvres, ont fait alors des récits à faire frémir ; mais les riches ont déjà oublié tout cela…

Et moi, riches, je veux vous le rappeler !

Riches, qui menez joyeuse vie, qui jouissez, qui prenez vos plaisirs et conduisez vos danses au sein de cette perfide atmosphère qui vous décime et qui prend à leurs mères vos jeunes filles adorées et vos beaux enfants sans que vous en sachiez comprendre la cause ; riches, qui oubliez la solidarité de tous les membres de la