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dispositif des cultures.


§ III.


Nous ne dirons pas : Cela est impossible, parce que cela est trop beau ; nous dirons, au contraire : cela est trop beau pour n’être pas possible.
Breton.


Je sais bien que la plupart des hommes d’aujourd’hui, habitués à voir nos insipides guérets, nos ennuyeuses et monotones campagnes peuplées de paysans en haillons, semées ça et là de laides et sales chaumières, nos ateliers dégoutants et malsains, ne pourront pas s’empêcher de ne regarder, de prime-abord, que comme des rêves fantastiques les descriptions les plus affaiblies du matériel de l’industrie harmonienne. — Il faut ici, comme à propos de l’architecture phalanstérienne, les rappeler à l’esprit d’arithmétique et de calcul, les prier de réflechir froidement et de voir si ces cultures unitairement distribuées suivant les exigences du sol et les indications de la science, ne seront pas bien autrement productive que les cultures morcelées des villages civilises.

Cette vérité a été suffisamment démontrée, et nous sommes en droit de conclure que dans le Régime sociétaire le bon et l’utile s’allient en tous points à l’agréable, au beau. C’est là d’ailleurs un caractère que l’on doit s’attendre à trouver dans l’organisation sociale normale.

Aujourd’hui déjà il existe de grandes exploitations agricoles, dans lesquelles on peut voir en germe le système de distribution matérielle dont nous venons de donner une idée. Je citerai surtout la belle propriété que possède M. le comte Bigot de Morogues à la source du Loiret, et dont il dirige lui-même l’exploitation avec autant de science agronomique que d’art et de bon gout. Je n’ai pas vu de jardin de luxe, même dans les châteaux royaux, dont l’aspect fut aussi pittoresque et charmant aux yeux, que cette campagne riche et productive,