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En provoquant ces adhésions j’ai eu pour but de lier les principaux propriétaires d’esclaves dans la colonie au vote du conseil et à l’opinion des délégués exprimée dans leur lettre du 30 mai.

J’ai voulu aussi vous donner les moyens de répondre victorieusement aux personnes qui pensaient que les colons de la Guadeloupe n’adopteraient pas franchement la nouvelle situation, et qu’ils en laisseraient la responsabilité à ceux qui étaient entrés les premiers dans cette voie.

J’ai voulu enfin mettre un terme à des doutes injurieux sur la sincérité des colons, et donner un démenti à ceux qui nous accusent de n’avoir d’autre but que d’éluder par tous les moyens les mesures qui doivent conduire à l’émancipation.

Vous voyez que mon attente n’a pas été trompée. Les manifestations authentiques des grands propriétaires sont un éclatant démenti donné aux insinuations de l’auteur de l’article qui cherche à représenter les habitants de la campagne comme animés de peu de sympathie pour les actes du conseil. Tout est rompu maintenant avec le passé, et les regrets ou les effets tardifs de quelques hommes isolés dont l’intelligence et la résolution n’ont pu s’élever à la hauteur de la nouvelle situation demeureront impuissants en présence de la conviction ferme et éclairée du pays.

Ayons donc confiance en l’avenir et cherchons-y des garanties d’ordre et de sécurité que le présent nous refuse. Les tristes effets de la loi désorganisatrice du 18 juillet, dans son exécution incomplète, ne se sont déjà que trop fait sentir. L’esprit de désaffection se propage avec rapidité : les plaintes, accueillies avec une nouvelle faveur, se multiplient chaque jour ; une injuste partialité préside aux actes d’une magistrature placée dans cette cruelle alternative, de faillir à ses devoirs ou de perdre ses fonctions.

Espérons que l’opinion, si longtemps abusée sur le compte des colons, reviendra à de plus justes appréciations devant leurs loyales et courageuses manifestations. Peut-être qu’à la haine succédera la sympathie ; peut être que les calomnies et les persécutions dont ils sont depuis longtemps l’objet disparaîtront, quand on ne verra plus en eux les défenseurs systématiques de l’esclavage.