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Offrons notre concours et faisons plus encore, mettons-nous à l’œuvre ; donnons pour gage de notre sincérité ces documents si précieux qui peuvent sortir de nos mains et aider si puissamment au succès de l’émancipation ; n’attendons même pas qu’on nous le demande : c’est avec une égale sollicitude que nous voulons faire la part de tous.

Pour prix de notre coopération nous ne voulons que la continuation de l’ordre et du travail ; nous ne demandons à la France que de repousser toute mesure précipitée et sur laquelle les conseils coloniaux n’auraient pas été appelés à donner leurs avis.

Qu’elle ne s’effraie pas du temps qui devra s’écouler ; nous chercherons à en abréger la durée, et il faut bien d’ailleurs qu’elle se soumette à des nécessités qui ne sont pas moins impérieuses pour elle, à raison du bien qu’elle veut faire.

Votre concours, Messieurs, est d’une haute importance, et, je le dis encore, la France ne peut pas le dédaigner. Qui mieux que nous peut indiquer les moyens d’arriver sans secousse à l’abolition de l’esclavage ? L’association, ce moyen si puissant de venir en aide aux classes pauvres, d’une exécution si difficile en France, mais déjà préparée ici par la formation des groupes, présente encore dans son application des difficultés que nous prendrons soin d’aplanir avec l’intérêt que nous ne pouvons pas manquer de porter à ceux que nous avons l’habitude de comprendre dans notre famille. La France ne peut pas nous repousser quand nous ne lui demandons que de seconder ses vues, de souffrir que nous lui donnions notre avis, et qu’elle nous admette à discuter dans la chambre élective les lois qui seront désormais soumises à ses délibérations.

Le droit à la représentation nationale, réservé aux seuls Français de la métropole, ne devait pas s’étendre aux colons lorsque les besoins de leur société, si différents de ceux de la mère-patrie, demandaient des lois particulières. Mais quand il s’agit d’abolir l’esclavage, quand les intérêts des colons se confondront avec ceux de la France, pourquoi les colons resteraient-ils étrangers aux débats qui s’agiteront au sein des chambres ? Français comme