sur les manches de son veston, et une ample cravate bouffante sous un menton en galoche. Comme il était un peu tôt pour trouver le médecin, je proposai d’aller boire quelque chose, ce qui du coup le mit en verve. Tandis que nous étions attablés devant des vermouths, il se mit à exalter les affaires de la Société, si bien que je finis par m’étonner qu’il ne partît pas lui aussi. Il devint froid et réservé sur-le-champ : « Je ne suis pas aussi bête que j’en ai l’air, disait Platon à ses disciples », déclara-t-il sentencieusement en vidant son verre avec résolution, et nous nous levâmes.
« Le vieux docteur me tâta le pouls, tout en pensant évidemment à autre chose. « Bon, bon, pour là-bas, marmotta-t-il et ensuite, avec un certain intérêt, il me demanda si je l’autorisais à prendre la mesure de mon crâne. Un peu surpris, j’y consentis, sur quoi il sortit une espèce d’instrument pareil à un calibre, et releva mes dimensions, par-devant, par-derrière et de tous les côtés, en prenant soigneusement des notes. C’était un petit homme mal rasé, en veston élimé d’étoffe sèche comme de la gabardine, les pieds dans des pantoufles et qui me fit l’effet d’un fou inoffensif. « Je demande toujours la permission, dans l’intérêt de la science, de mesurer le crâne de ceux qui s’en vont là-bas. — Le faites-vous aussi quand ils reviennent ? demandai-je. — Oh, répondit-il, je ne les vois jamais et de plus, c’est à l’intérieur que les modifications