poursuit, surprend tant d’hommes de la race conquérante, fiers de leur sagesse, de leur savoir, de leur puissance. Mais, pour moi, tout l’Orient tient dans cette vision de ma jeunesse. Il tient tout entier dans cet instant où j’ouvris sur lui mes jeunes yeux. Je l’avais abordé au sortir d’un combat avec la mer, — et j’étais jeune, — et je le vis qui me regardait. Et voilà tout ce qui en reste ! Rien qu’un moment : un moment de force, d’aventure, de splendeur, — de jeunesse !… Un éclair de soleil sur un rivage étrange, le temps d’un souvenir, l’espace d’un soupir et puis, adieu ! La nuit. — Adieu !… »
Il but.
« Ah ! le bon vieux temps, — le bon vieux temps ! La jeunesse et la mer. L’enchantement et la mer ! La bonne, la rude mer, la mer âcre et salée qui murmurait à votre oreille et rugissait contre vous et vous coupait brutalement le souffle. »
Il but de nouveau.
« Entre toutes les merveilles du monde, il y a la mer, je crois, la mer elle-même, — ou bien est-ce seulement la jeunesse ? Qui peut le dire ? Mais vous autres, — vous avez tous eu quelque chose de la vie : de l’argent, de l’amour, — tout ce que l’on trouve à terre, — eh bien ! dites-moi, n’était-ce pas le meilleur temps, ce temps où nous étions jeunes à la mer : jeunes et sans rien à nous, sur la mer qui ne vous donne rien, que de rudes