mais plus surprenantes encore. La voix jurait et tempêtait avec violence : elle criblait d’une bordée de jurons la paix solennelle de la baie. Elle commença par m’appeler : « Cochon ! » et continua crescendo à m’agonir d’une série d’épithètes plus impossibles à redire les unes que les autres, — en anglais. L’homme là-haut rageait à tue-tête en deux langues, et avec, dans sa fureur, une telle sincérité qu’elle alla presque jusqu’à me convaincre que j’avais, de façon ou d’autre, attenté à l’harmonie de l’univers. Je le voyais à peine, mais commençais à penser qu’il finirait par avoir une attaque.
« Il s’arrêta tout d’un coup, et je l’entendis qui reniflait et soufflait comme un phoque.
« — Quel est ce vapeur, je vous prie, — lui criai-je.
« — Hein ? Qu’est-ce que c’est. Et vous qui êtes-vous donc ?
« — L’équipage naufragé d’un trois-mâts anglais incendié en mer. Nous sommes arrivés cette nuit. Je suis le lieutenant. Le capitaine est dans le grand canot et voudrait savoir si vous nous donneriez passage pour quelque part.
« — Ah ! bon Dieu ! Dites-moi… Nous sommes le Celestial de Singapoor et nous rentrons. J’arrangerai ça avec votre capitaine dans la matinée… et… dites-moi, vous m’avez entendu tout à l’heure ?