passions sur l’arrière, une mince flèche de feu darda vers nous son trait, et tout à coup le navire coula l’avant le premier, dans un grand sifflement de vapeur. L’arrière que le feu n’avait pas encore atteint, fut le dernier à couler : mais la peinture en était partie, s’était craquelée, pelée, et il n’y avait plus de lettres, il n’y avait plus de mots, plus de devise résolue, pareille à l’âme du navire, pour lancer dans un éclair au soleil qui se levait, sa foi et son nom.
« Nous mîmes le cap au nord. La brise se leva soudain et vers midi toutes les embarcations se rallièrent pour la dernière fois. Je n’avais dans la mienne ni mât ni voile mais je fis un mât avec un aviron de rechange et je hissai comme voile une tente avec une gaffe en guise de vergue. Le canot était assurément trop lourdement mâté, mais j’avais la satisfaction de savoir qu’avec vent arrière, j’étais capable de battre les deux autres. Il me fallut les attendre. Puis tout le monde jeta un coup d’œil sur le routier du capitaine, et après un cordial repas de biscuit et d’eau, nous reçûmes nos dernières instructions. Elles étaient simples : faire route au nord et garder le contact autant que possible. « Prenez garde avec ce gréement de fortune, Marlow, me dit le capitaine ; » et comme je dépassais fièrement son canot, Mahon me cria en fronçant son nez recourbé : « Vous naviguerez si bien que vous collerez votre barque par le fond,