arrachant et entraînant avec elles deux cents brasses de chaînes ardentes. Le navire trembla, la masse de flamme vacilla comme si elle allait s’affaisser et le mât de petit perroquet s’affala. Comme une flèche de feu, il tomba, plongea, puis, rebondissant à une longueur d’aviron des canots se mit à flotter paisiblement, tout noir sur la mer lumineuse. De nouveau, je hélai les gens du pont. Au bout d’un moment, un homme, d’un ton enjoué, fort inattendu, mais étouffé comme s’il s’efforçait de parler la bouche fermée, vint me dire qu’on allait embarquer, et disparut. Longtemps je n’entendis plus rien que le bruissement et le grondement du feu. On entendait aussi des sifflements. Les embarcations dansaient, forçaient sur leurs bosses, se jetaient l’une sur l’autre comme par jeu, s’entrechoquaient, ou bien, malgré nos efforts, elles venaient, en évitant, se coller en paquet contre le flanc du navire. Je finis par ne plus pouvoir le supporter, et, me hissant par un filin, je grimpai à bord par l’arrière.
« Il faisait clair comme en plein jour. En arrivant ainsi, le rideau de feu en face de moi était un spectacle terrifiant, et la chaleur au premier abord semblait à peine supportable. Sur un coussin de banquette qu’on avait monté du carré, le capitaine Beard, les jambes repliées, un bras sous la tête, dormait tandis que la lumière jouait sur lui. Et savez-vous à quoi s’occupaient les autres ?