le long du bord. Ils tossaient dangereusement et se rapprochaient de la flamme, tandis que le navire roulait au-dessus, et, bien entendu, il y avait toujours le risque de voir les mâts passer par-dessus bord à tout instant. Moi et mes deux canotiers nous débordions de notre mieux avec des avirons et des gaffes : mais cela devenait exaspérant, d’autant plus qu’il n’y avait aucune raison de ne pas pousser tout de suite. Nous ne pouvions voir ceux qui étaient à bord ni imaginer ce qui les retenait. Les canotiers juraient à mi-voix, et non seulement j’avais ma part de l’ouvrage, mais j’avais encore à y maintenir mes deux gaillards qui avaient constamment tendance à se laisser aller et à tout lâcher.
« À la fin, je me mis à héler. « Dites donc, là-haut ! » et quelqu’un vint regarder par-dessus bord. « Nous sommes parés », lui dis-je. La tête disparut et se montra de nouveau.
« — Le capitaine dit que ça va et de bien déborder les embarcations. »
« Une demi-heure passa. J’entendis tout à coup un fracas épouvantable, ferraillement, bruit de chaînes qui s’entrechoquent, sifflement d’eau, et des milliers d’étincelles s’envolèrent parmi la colonne de fumée frémissante qui, légèrement inclinée, se dressait au-dessus du navire. Les bossoirs avaient été carbonisés et les deux ancres chauffées au rouge étaient parties par le fond,