de remorque, — suivait rapide comme un nuage de fumée avec des bouts de mâts qui dépassaient. Nous montâmes serrer les voiles. Nous toussions dans les vergues et nous faisions soigneusement le chapeau. Vous nous voyez là-haut en train de serrer comme il faut les voiles de ce navire condamné à n’arriver nulle part ? Il n’y en avait pas un de nous qui ne pensait qu’à tout instant la mâture pouvait s’affaler. De là-haut, la fumée nous empêchait de voir le navire, et les hommes travaillaient soigneusement, passant les rabans avec des tours égaux.
« — Et serré comme dans un port, hein ! là-haut ! — criait Mahon d’en bas.
« Vous comprenez ça ? Je ne crois pas qu’un seul de ces gaillards-là pensait redescendre de là-haut de la manière habituelle. Quand ce fut fait, je les entendis qui se disaient l’un à l’autre : « — Eh ben, je croyais bien qu’on dégringolerait par-dessus bord, tous en tas, les mâts et le reste, du diable si je ne le croyais pas ! — C’est juste ce que je me disais aussi ! — répondait avec lassitude un autre épouvantail, harassé et enveloppé de bandages. » Et notez bien que c’étaient des hommes qui n’avaient pas l’obéissance ancrée dans la peau. Un spectateur n’aurait vu en eux qu’une bande de vauriens cyniques que rien ne rachetait. Qu’est-ce qui leur faisait donc faire tout cela, qu’est-ce qui les fit m’obéir quand, pour la beauté de la chose,