« Le vieux était, paraît-il, dans sa cabine à remonter les chronomètres, quand le choc le fit tournoyer sur lui-même. Aussitôt, il lui vint à l’esprit, comme il le dit par la suite, que le navire avait touché et il se précipita dans le carré. Là il s’aperçut que la table avait disparu. Le pont ayant sauté, elle s’était naturellement effondrée dans la soute à voiles. À l’endroit où nous avions déjeuné le matin, il ne vit plus qu’un grand trou dans le plancher. Cela lui parut si terriblement mystérieux, et lui fit une si forte impression, que ce qu’il entendit et vit, une fois monté sur le pont, ne lui sembla qu’une pure bagatelle en comparaison. Et, notez bien, qu’il remarqua aussitôt qu’il n’y avait personne à la barre et que son navire n’était plus en route, — et son unique pensée fut que cette misérable carcasse de navire dégréée, béante, fumante, il fallait la faire revenir en route, le cap sur son port de destination. Bangkok ! Voilà ce qu’il voulait. Je vous dis que ce petit homme tranquille, voûté, les jambes arquées, presque difforme, était magnifique par la simplicité de son idée fixe et sa paisible indifférence à toute notre agitation. Il nous envoya devant d’un geste d’autorité et alla lui-même prendre la barre.
« Oui ! ce fut la première chose que nous fîmes, — brasser les vergues de cette épave ! Personne n’était tué ni même estropié, mais tout le monde