s’écroule pendant un tremblement de terre. Nous allâmes à sa recherche. C’était risquer la mort, car une fois hors de notre amarrage, nous étions aussi exposés que sur un radeau. Nous y allâmes tout de même. Le rouf était démoli comme si un obus avait éclaté dedans. Presque tout avait passé par-dessus bord, — le fourneau, le poste d’équipage, toutes leurs affaires, tout était parti : mais deux épontilles, qui maintenaient une partie de la cloison à laquelle était fixée la couchette d’Abraham restaient comme par miracle. Nous tâtonnâmes parmi les ruines et nous découvrîmes Abraham : il était là, assis sur sa couchette, au beau milieu de l’écume et des épaves, à bredouiller gaiement en se parlant à lui-même. Il avait perdu la tête : il était devenu bel et bien fou, pour de bon, après ce choc soudain qui avait eu raison de ce qui lui restait d’endurance. On l’empoigna, on le traîna derrière, et on le précipita la tête la première par l’échelle de la cabine. On n’avait pas le temps, voyez-vous, de le descendre avec des précautions infinies, ni d’attendre pour savoir comment il allait. Ceux qui étaient en bas sauraient bien le ramasser au pied de l’échelle. Nous étions très pressés de retourner aux pompes. Cela, ça ne pouvait pas attendre. Une mauvaise voie d’eau est chose impitoyable.
« C’est à croire que le seul dessein de cette diabolique tempête avait été de rendre feu ce pauvre