— « Et vous l’admiriez, reprit-elle. Il était impossible de le connaître et de ne pas l’admirer, n’est-ce pas ?…
— « C’était un homme remarquable »… fis-je d’une voix mal assurée. Et devant la fixité implorante de son regard qui semblait attendre autre chose encore, je repris : « Il était impossible de ne pas…
— « De ne pas l’aimer !… » acheva-t-elle gravement, cependant que je demeurais muet et confondu. — « Que c’est vrai ! Que c’est vrai !… Mais penser que personne ne l’a connu comme je l’ai connu… J’avais toute sa noble confiance… C’est moi qui le connaissais le mieux… »
— « C’est vous qui le connaissiez le mieux », répétai-je. Et peut-être était-ce exact. Mais à chaque parole qui était prononcée, la pièce se faisait plus sombre, son front seul, uni et clair, demeurait illuminé, de l’inextinguible lumière de la foi et de l’amour…
— « Vous étiez son ami, continua-t-elle. Son ami, répéta-t-elle un peu plus haut. Vous devez l’avoir été, puisqu’il vous a donné ceci et qu’il vous a envoyé vers moi… Je sens que je puis vous parler et… Ah ! il faut que je parle… Je veux que vous sachiez, vous qui avez recueilli ses derniers mots, que j’ai été digne de lui. Ce n’est pas de l’orgueil… Eh bien, oui, je suis fière de savoir que je l’ai compris mieux que quiconque au monde —