là, Jermyn, le capitaine, tous, pouvant à peine nous tenir sur nos jambes, occupés à cette besogne de fossoyeurs, et essayant de refouler au vent des pelletées de ce sable mouillé. À chaque plongeon du navire, on voyait vaguement dans la pénombre dégringoler des hommes qui brandissaient des pelles. Un de nos mousses (nous en avions deux), impressionné par l’étrangeté de la scène, pleurait comme si son cœur allait se rompre. On l’entendait renifler quelque part dans l’ombre.
« Le troisième jour la tempête cessa, et un remorqueur du nord qui se trouvait par là nous ramassa au passage. Il nous avait fallu seize jours en tout pour aller de Londres à la Tyne. Quand nous fûmes au dock, nous avions perdu notre tour de chargement et on nous déhala jusqu’à un rang où nous restâmes un mois. Mrs Beard (le capitaine s’appelait Beard) vint de Colchester pour voir son mari. Elle s’installa à bord. L’équipage temporaire avait débarqué, et il ne restait que les officiers, un mousse et le steward, un mulâtre qui répondait au nom d’Abraham. Mrs Beard était une vieille femme à la figure toute ridée et hâlée comme une pomme d’hiver, et qui avait une tournure de jeune fille. Elle me surprit un jour en train de recoudre un bouton et insista pour réparer toutes mes chemises. Ce n’était guère le genre des femmes de capitaines que j’avais connues à bord des clippers. Quand je lui eus apporté les