sommet de la colline, et il s’assombrit subitement. Son visage était pareil au ciel d’automne, tantôt couvert et tantôt éclatant.
« Quand le Directeur, escorté des pèlerins, tous armés jusqu’aux dents, eut pénétré dans l’habitation, le gaillard monta à bord. « Dites donc, ça ne me plaît guère. Les indigènes sont dans la brousse, » fis-je… Il m’assura sérieusement que tout allait bien. — « Ce sont des âmes simples, ajouta-t-il. Je suis content tout de même que vous soyez arrivés… Il me fallait passer mon temps à les tenir à distance… — Mais vous venez de me dire que tout allait bien !… » m’écriai-je. — « Oh ! ils n’avaient pas de mauvaises intentions, » et sous mon regard, il se reprit : « Pas de mauvaises intentions à proprement parler… » Ensuite avec vivacité : « Ma foi, votre abri de pilote a besoin d’un nettoyage !… » Et sans reprendre haleine, il me conseilla de garder assez de vapeur pour faire marcher le sifflet en cas d’alerte : « Un bon coup de sifflet fera plus d’effet que tous vos fusils !… Ce sont des âmes simples !… » répéta-t-il. Il s’exprimait avec tant de volubilité que j’en étais étourdi. Il semblait vouloir rattraper tout un arriéré de longs silences et, effectivement, il convint en riant que tel était bien son cas. « Ne parlez-vous donc pas avec M. Kurtz ? demandai-je. — Oh, on ne parle pas avec un homme comme lui, on l’écoute… », s’écria-t-il avec une sévère exaltation. — « Mais