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pression de ruse somnolente. Il portait une panse grasse avec ostentation sur des jambes courtes et durant tout le temps que sa troupe infesta la Station, il n’adressa la parole à personne si ce n’est à son neveu. On les voyait se promener du matin au soir, leurs têtes rapprochées dans une conversation qui ne finissait jamais.

« J’avais cessé de me tourmenter à cause de ces rivets. La faculté de souci dont on est capable à l’égard de ce genre de misère est plus restreinte qu’on ne l’imagine. J’envoyai le tout au diable et laissai aller les choses. J’avais ainsi du temps de reste pour méditer, et parfois, je donnais une pensée à Kurtz. Ce n’est pas qu’il m’intéressât vivement ; j’étais curieux cependant, de voir si cet homme, qui était venu ici avec certaines idées morales, arriverait à s’imposer malgré tout et de quelle façon, alors, il organiserait son affaire. »