pèlerins réunis là, et ma parole, à la façon dont ils l’acceptaient, l’occupation ne semblait pas trop leur déplaire, bien qu’autant que je m’en rendisse compte, jamais il ne leur arrivait rien que des maladies. Ils tuaient le temps en s’entre-déchirant ou en intriguant de la façon la plus mesquine. Une atmosphère de complot planait sur la Station, sans que du reste il en sortît jamais quoi que ce fût. C’était aussi irréel que le reste, le philanthropique prétexte de l’entreprise, les déclamations, leur administration, et leur travail de parade. Le seul sentiment réel était leur commun désir d’être mis à la tête d’un poste de traite où l’on pût avoir de l’ivoire et toucher des tantièmes. C’est à cette fin seulement qu’ils intriguaient, se débinaient, se détestaient les uns les autres, mais quant à lever effectivement un doigt, ah, non !… Ce n’est pas sans quelque raison après tout que le monde tolère que certains volent un cheval, alors que d’autres n’ont même pas le droit de jeter les yeux sur le licou. Voler un cheval, soit !… Le voleur du moins y est allé carrément. Peut-être même sait-il s’en servir, de ce cheval… Mais il y a certaines façons de loucher vers un licou qui pousseraient aux violences l’âme la plus charitable…
« Je ne soupçonnais guère pour quelle raison mon homme se mettait ainsi en frais ; pourtant, tandis que nous bavardions, je m’avisai tout à coup qu’il s’efforçait d’en venir à quelque chose,