admirable, admirable ». Il puisa ensuite environ un litre d’eau et repartit en courant. Je remarquai qu’il y avait un trou dans le fond de son seau.
« Je me rapprochai sans hâte. Il n’y avait pas à se presser. La chose s’était mise à flamber comme une boîte d’allumettes. Dès le premier instant il n’y avait rien eu à faire. Les flammes avaient jailli très haut, repoussant tout le monde, embrasant toute chose, puis étaient retombées. La paillote déjà n’était plus qu’un amas de braises qui rougeoyaient violemment. Non loin, un nègre était roué de coups. On disait que c’était lui qui, d’une façon ou d’une autre, avait provoqué l’incendie : quoi qu’il en fût, il hurlait de la manière la plus horrible. Pendant plusieurs jours, je le vis, assis dans un recoin d’ombre, l’air malade et essayant de se ressaisir ; ensuite il se releva et disparut et la sauvagerie le reprit sans bruit dans son sein. Comme je continuais dans l’ombre à me rapprocher du brasier, je me trouvai derrière deux hommes qui causaient. J’entendis prononcer le nom de Kurtz et ensuite les mots « profiter de ce déplorable accident ». L’un des deux hommes était le directeur. Je lui souhaitai le bonsoir. — « A-t-on jamais rien vu de pareil, dit-il. Hein ! C’est incroyable… » et il s’éloigna. L’autre demeura. C’était un agent de première classe, jeune, l’allure distinguée, l’air un peu réservé, avec une barbiche en pointe et un nez crochu. Il tenait à dis-