et ces hommes flânant sans but dans le soleil de l’enclos. Une fois de plus je me demandais à quoi tout cela rimait. Ils se promenaient de-ci de-là, leurs absurdes longs bâtons à la main, pareils à une bande de pèlerins infidèles qu’un sortilège eût tenu captifs derrière une clôture pourrissante. Le mot « ivoire » passait dans l’air, tour à tour murmuré ou soupiré. On eût cru qu’ils lui adressaient des prières. Et une odeur de rapacité stupide flottait là-dessus, comme un relent de cadavre. Bon sang ! de ma vie je n’ai jamais rien vu d’aussi peu réel… Et à l’entour, la silencieuse sauvagerie, enserrant ce petit morceau défriché de la terre, me frappait comme quelque chose de grand et d’invincible, tel le mal ou la vérité, attendant patiemment la disparition de cette invasion fantastique.
« Ah ! ces mois… Mais passons ! Divers événements se produisirent. Un soir, une paillote, emplie de calicot, de cotons imprimés, de verroterie et de je ne sais quoi d’autre, se mit à flamber si soudainement qu’on eût cru qu’un feu vengeur venait de jaillir de la terre entr’ouverte pour consumer toute cette pacotille. Je fumais ma pipe tranquillement auprès du vapeur démonté, et les regardais de loin gesticuler parmi les lueurs, les bras levés, quand l’homme trapu aux moustaches se précipita vers le fleuve, un seau de fer-blanc à la main en m’assurant que « chacun se comportait d’une façon