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Madame la générale d’Hubert leva des mains désespérées à la lecture de cette réponse.

— Vous voyez ; il ne veut pas entendre parler de réconciliation, fit son mari. Il ne faut jamais qu’il risque d’apprendre d’où vient l’argent. Ce serait épouvantable ; il n’y résisterait pas !

— Vous êtes un brave homme, Armand, fit madame la générale, d’un ton approbateur.

— Ma chérie, j’avais le droit de lui briser le crâne, mais puisque je ne l’ai pas fait, je ne puis pas le laisser mourir de faim. Il a perdu sa pension et est parfaitement incapable de faire quoi que ce soit en ce monde. Il faut que nous veillions sur lui, en secret, jusqu’à ses derniers jours. N’est-ce pas à lui que je dois le plus beau moment de bonheur de ma vie ? Ha ! Ha ! Ha !... A travers champs ! Une demi-lieue ! En courant d’un bout à l’autre ! Je ne pouvais en croire mes oreilles... Sans la stupide férocité de cet animal, il m’aurait fallu des années pour vous découvrir ! C’est, extraordinaire : d’une façon ou de l’autre, cet homme a trouvé le moyen de s’immiscer aux sentiments les plus profonds de mon cœur !