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PHILIPPE DE CHAMPAIGNE[w 1]
PEINTRE
(1602-1674)

SUR
ÉLIÉZER ET RÉBECCA
PAR NICOLAS POUSSIN


SOMMAIRE : Coup d’œil sur les premières conférences. — L’Académie néglige ce genre d’exercices. — Reprise des conférences sur les instances de Colbert. — Ce ministre préside le 10 octobre 1682 la distribution des prix faite aux élèves de l’Académie. — Il prend place entre le chancelier et le recteur. — L’historiographe donne lecture d’une conférence écrite par Philippe de Champaigne. — Description du tableau Éliézer et Rebecca. — Éloge de Poussin. — Mérite de sa composition. — Unité d’action. — Sage ordonnance des groupes. — Expression des figures, des draperies. — Philippe de Champaigne reproche à Poussin de s’être servilement inspiré de l’antique. — Le Brun prend la défense de Poussin. — L’artiste est l’interprète de la nature. — Concurrents et copistes. — Les artistes grecs et les modernes. — Philippe de Champaigne poursuit son discours. — Analyse du groupe des jeunes filles qui accompagnent Rébecca. — De la couleur. — Alliance du paysage avec une scène historique. — Poussin s’est-il montré suffisamment respectueux de la vérité en supprimant les chameaux dont il est fait mention dans l’Écriture ? — Réponse de le Brun. — Maxime de Poussin sur les modes particuliers de la peinture comparée à la musique. — Exemples cités par le Brun à l’appui de sa thèse. — L’Académie ne se rend pas unanimement aux avis de le Brun. — Discussion générale. — Opinion de Coypel. — Jugement de le Brun sur Carrache. — Colbert clôt le débat.


Éliézer et Rébecca[w 2]


Dans le temps que les beaux-arts conspirent avec les sciences et les armes à rendre la gloire du roi immortelle, on voit que l’Académie de peinture et de sculpture y signale son zèle, et que, selon ses forces, elle reconnoît les bienfaits qu’elle a reçus de ce grand monarque depuis le temps qu’il l’a fondée. C’est ainsi que, contribuant à la magnificence d’un règne si fameux, elle se conforme aux intentions de Mgr Colbert, qu’elle a choisi pour protecteur, et dont elle ne sauroit trop vanter les bontés, puisque au milieu de ses importantes occupations il daigne prendre un intérêt particulier à la main-


  1. Note Wikisource : selon Ferdinand Brunetière, l’auteur de cette conférence est Jean-Baptiste et non de Philippe de Champaigne (La Critique d’art au XVIIe siècle).
  2. Note Wikisource : cette illustration ne fait pas partie de l’ouvrage ici transcrit.