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cum venisset domum, au lieu qu’un peu auparavant lorsqu’il est dit que Notre Seigneur fut ressusciter la fille du prince de la synagogue, le même texte porte cum venisset in domum ; de sorte que si l’on veut permettre au peintre de se servir favorablement de ces deux différentes expressions, il a pu croire que dans l’une l’évangéliste a voulu marquer que Jésus-Christ entra dans la maison pour ressusciter cette fille, parce qu’elle étoit en effet dans une chambre, mais que dans l’autre passage, où il se contente de dire : cum venisset domum, cela signifie seulement que, ces aveugles ayant suivi Notre Seigneur le long du chemin, il ne s’arrêta pour les guérir que quand il fut arrivé auprès de son logis.

Pour ce qui est d’avoir fait ce miracle en secret, et que même Jésus-Christ ne vouloit pas savoir qu’il fût su, l’Évangile ne dit point qu’il n’y eût personne, et ce n’est pas l’avoir représenté trop publiquement que d’y admettre, outre les trois disciples, quatre autres personnes qui peuvent être, ou de ceux qui accompagnoient ces aveugles, comme l’on voit qu’il y en a un qui conduit le dernier, ou bien des passants et des gens du voisinage. Mais, supposé que ce miracle ait été fait dans le logis, et que l’on ne veuille point avoir égard à ces diverses phrases de l’Écriture, la faute seroit beaucoup moins considérable d’être représenté dans la rue et près de la maison ou logeoit Notre Seigneur, que de voir qu’une action faite à la vue d’une infinité de personnes fût peinte dans un lieu à l’écart et presque sans témoins. Quant à cette femme vêtue de vert, on ne doit point trouver à redire qu’elle ne soit pas fort surprise, étant assez éloignée, comme on a déjà dit, pour ignorer ce qui se passoit ; et puis Notre Seigneur ne faisant que poser les mains sur le premier aveugle et le miracle n’étant pas encore fait, de quoi seroit-elle étonnée ? Mais de plus, il faut penser que ce miracle se faisoit à Capharnaüm où Jésus-Christ demeuroit d’ordinaire, et où le peuple étoit si endurci dans l’erreur qu’il ne considéroit point toutes les merveilles que le Seigneur opéroit journellement à ses yeux, et ne changeoit pas de vie, quoiqu’il les prêchât souvent et leur fît les horribles menaces que l’on voit dans l’Écriture.

Pour ce qui regarde la ville de Jéricho qu’on prétend être représentée dans ce tableau, il dit qu’il n’y a aucunes marques