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Que le divin Raphaël a été celui sur les ouvrages duquel il a tâché de faire ses études, et que l’illustre M. Poussin l’assista de ses conseils et le conduisit dans cette haute entreprise. De sorte qu’il se sent obligé de reconnoître ces deux grands hommes pour ses maîtres, et d’en rendre un témoignage public.

Que quand l’on a examiné les peintures de Raphaël et des peintres de son siècle, chacun a donné beaucoup à ses conjectures et déféré à ses propres sentiments, parce que les couleurs dont ils se sont servi, n’ayant pas conservé leur premier éclat ni leurs véritables teintes, l’on ne voit pas bien tout ce que ces grands hommes ont représenté, et l’on ne peut plus juger de tout ce qu’ils ont mis de beau dans leurs ouvrages.

Mais comme il a eu l’avantage de converser souvent avec ce grand homme dont il entreprend de parler, et que ses tableaux ont encore le même lustre et la même vivacité de couleurs qu’ils avoient lorsqu’il y donnoit les derniers traits, il en pourra dire son sentiment avec plus de connoissance et de certitude que des autres.

Que si l’on a remarqué des talents particuliers dans chaque peintre italien, il remarque tous ces talents réunis ensemble dans notre seul peintre françois. Et, s’il y en a quelqu’un qu’il n’ait pas possédé dans la dernière perfection, au moins il les a tous possédés dans leur plus grande et principale partie.

Que Raphaël a donné matière de discourir sur la grandeur des contours et sur la manière correcte de les dessiner ; sur l’expression naturelle des passions, et sur la façon noble de vêtir ses figures.

Que dans Titien on a remarqué la belle entente des couleurs, et le vrai moyen d’en trouver l’union et l’harmonie.

Que Paul Véronèse a fourni de quoi s’entretenir sur la facilité et la maîtrise du pinceau, et sur la grandeur de ses ordonnances et de ses compositions.

Mais qu’il fera remarquer dans l’ouvrage du fameux M. Poussin toutes ces parties rassemblées, et encore d’autres que l’on n’a point observées dans les peintres dont l’on a parlé.

Que pour cela il partagera son discours en quatre parties.