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vent porter leur pouvoir destructeur des facultés humaines, c’est sur la Chine, qu’il faut un moment arrêter ses regards ; sur ce peuple, qui semble n’avoir précédé les autres dans les sciences et les arts, que pour se voir successivement effacé par eux tous ; ce peuple, que la connoissance de l’artillerie n’a point empêché d’être conquis par des nations barbares ; où les sciences, dont les nombreuses écoles sont ouvertes à tous les citoyens, conduisent seules à toutes les dignités, et où cependant, soumises à d’absurdes préjugés, elles sont condamnées à une éternelle médiocrité ; où enfin l’invention même de l’imprimerie est demeurée entièrement inutile aux progrès de l’esprit humain.

Des hommes dont l’intérêt étoit de tromper, durent se dégoûter bientôt de la recherche de la vérité. Contens de la docilité des peuples, ils crurent n’avoir pas besoin de nouveaux moyens pour s’en garantir la durée. Peu-à-peu ils oublièrent eux-mêmes une partie des vérités cachées sous leurs allégories ; ils ne gardèrent de leur ancienne science, que ce qui étoit rigoureusement