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gulière de la nature, la retarder souvent, l’accélérer quelquefois.

Le phénomène qu’on observe chez une nation, dans un tel siècle, a souvent pour cause une révolution opérée à mille lieues et à dix siècles de distance ; et la nuit du temps a couvert une grande partie de ces événemens, dont nous voyons les influences s’exercer sur les hommes qui nous ont précédés, et quelquefois s’étendre sur nous-même.

Mais il faut considérer d’abord les effets de ce changement dans une seule nation, et indépendamment de l’influence que les conquêtes et le mélange des peuples ont pu exercer.

L’agriculture attache l’homme au sol qu’il cultive. Ce n’est plus sa personne, sa famille, ses instrumens de chasse, qu’il lui suffiroit de transporter ; ce ne sont plus même ses troupeaux qu’il auroit pu chasser devant lui. Des terrains qui n’appartiennent à personne ne lui offriroient plus de subsistances dans sa fuite, ou pour lui-même, ou