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qu’enfin la durée de l’intervalle moyen entre la naissance et cette destruction, n’a elle-même aucun terme assignable ? Sans doute l’homme ne deviendra pas immortel, mais la distance entre le moment où il commence à vivre, l’époque commune où naturellement, sans maladie, sans accident, il éprouve la difficulté d’être, ne peut-elle s’accroître sans cesse ? Comme nous parlons ici d’un progrès susceptible d’être représenté avec précision, par des quantités numériques ou par des lignes, c’est le moment où il convient de développer les deux sens dont le mot indéfini est susceptible.

En effet, cette durée moyenne de la vie qui doit augmenter sans cesse, à mesure que nous enfonçons dans l’avenir, peut recevoir des accroissemens, suivant une loi telle, qu’elle approche continuellement d’une étendue illimitée, sans pouvoir l’atteindre jamais ; ou bien suivant une loi telle, que cette même durée puisse acquérir, dans l’immensité des siècles, une étendue plus grande qu’une quantité déterminée quelconque qui lui auroit été assignée pour limite. Dans ce dernier cas, les accroissemens