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une manière de vivre qui développeroit les forces par l’exercice, sans les détruire par des excès ; qu’enfin, la destruction des deux causes les plus actives de dégradation, la misère et la trop grande richesse, ne doivent prolonger, pour les hommes, la durée de la vie commune, leur assurer une santé plus constante, une constitution plus robuste. On sent que les progrès de la médecine préservatrice, devenus plus efficaces par ceux de la raison et de l’ordre social, doivent faire disparoître à la longue les maladies transmissibles ou contagieuses, et ces maladies générales qui doivent leur origine aux climats, aux alimens, à la nature des travaux. Il ne seroit pas difficile de prouver que cette espérance doit s’étendre à presque toutes les autres maladies, dont il est vraisemblable que l’on saura un jour reconnoître les causes éloignées. Seroit-il absurde, maintenant, de supposer que ce perfectionnement de l’espèce humaine, doit être regardé comme susceptible d’un progrès indéfini, qu’il doit arriver un temps où la mort ne seroit plus que l’effet, ou d’accidens extraordinaires, ou de la destruction de plus en plus lente des forces vitales, et