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jusqu’alors inconnue. L’art comique doit à Molière d’être parvenu plus promptement à une hauteur qu’aucune nation n’a pu encore atteindre.

En Angleterre, dès le commencement de cette époque, et dans un temps plus voisin de nous, en Allemagne, la langue s’est perfectionnée. L’art de la poésie, celui d’écrire en prose, ont été soumis, mais avec moins de docilité qu’en France, à ces règles universelles de la raison et de la nature qui doivent les diriger. Elles sont également vraies pour toutes les langues, pour tous les peuples ; bien que jusqu’ici un petit nombre seulement ait pu les connoître, et s’élever à ce goût juste et sûr, qui n’est que le sentiment de ces mêmes règles ; qui présidoit aux compositions de Sophocle et de Virgile, comme à celles de Pope et de Voltaire ; qui enseignoit aux Grecs, aux Romains, comme aux Français, à être frappés des mêmes beautés et révoltés des mêmes défauts.

Nous ferons voir ce qui, dans chaque nation, a favorisé ou retardé les progrès