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Dans quelques-unes de ces peuplades, les femmes cultivent autour des cabanes quelques plantes qui servent à la nourriture, et qui suppléent au produit de la chasse ou de la pêche. Dans d’autres, formées aux lieux où la terre offre spontanément une nourriture végétale, le soin de la chercher et de la recueillir occupe une partie du temps des sauvages. Dans ces dernières, où l’utilité de rester unis se fait moins sentir, on a pu observer la civilisation réduite presque à une simple société de famille. Cependant, on a trouvé par-tout l’usage d’une langue articulée.

Les relations plus fréquentes, plus durables avec les mêmes individus, l’identité de leurs intérêts, les secours mutuels qu’ils se donnoient, soit dans des chasses communes, soit pour résister à un ennemi, ont dû produire également et le sentiment de la justice et une affection mutuelle entre les membres de la société. Bientôt cette affection s’est transformée en attachement pour la société elle-même.

Une haine violente, un inextinguible