Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/285

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(277)

les puissances rivales de l’Angleterre ; tandis que les autres, jalouses de ses richesses et de son orgueil, hâtoient, par des vœux secrets, le triomphe de la justice ; ainsi, l’Europe entière parut réunie contre les oppresseurs. Les François, au contraire, ont attaqué en même-temps, et le despotisme des rois, et l’inégalité politique des constitutions à demi-libres, et l’orgueil des nobles, et la domination, l’intolérance, les richesses des prêtres, et les abus de la féodalité, qui couvrent encore l’Europe presque entière ; et les puissances de l’Europe ont dû se liguer en faveur de la tyrannie. Ainsi, la France n’a pu voir s’élever en sa faveur, que la voix de quelques sages, et le vœu timide des peuples opprimés, secours que la calomnie devoit encore s’efforcer de lui ravir.

Nous montrerons pourquoi les principes sur lesquels la constitution et les lois de la France ont été combinées, sont plus purs, plus précis, plus profonds, que ceux qui ont dirigé les Américains ; pourquoi ils ont échappé bien plus complètement à l’influence de toutes les espèces de préjugés ; comment l’égalité des droits n’y a, nulle