Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(270)

tandis que d’autres essayoient de ressusciter dans des associations secrètes, les mystères oubliés de l’ancienne théurgie ; et laissant au peuple ses vieilles erreurs, enchaînant leurs disciples par des superstitions nouvelles, ils osoient espérer de rétablir, en faveur de quelques adeptes, l’ancienne tyrannie des rois-pontifes de l’Inde et de l’Égypte. Mais la philosophie, appuyée sur cette base inébranlable que les sciences lui avoient préparée, leur opposoit une barrière contre laquelle leurs impuissans efforts devoient bientôt se briser.

En comparant la disposition des esprits, dont j’ai ci-dessus tracé l’esquisse, avec ce systême politique des gouvernemens, on pouvoit aisément prévoir qu’une grande révolution étoit infaillible : et il n’étoit pas difficile de juger qu’elle ne pouvoit être amenée que de deux manières ; il falloit, ou que le peuple établît lui-même ces principes de la raison et de la nature, que la philosophie avoit su lui rendre chers ; ou que les gouvernemens se hâtassent de le prévenir, et réglassent leur marche sur celle de ses opinions. L’une de ces révolutions