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ou moins de prérogatives à un homme, suivant qu’il habite telle ou telle ville, qu’il est né dans telle ou telle classe, qu’il a telle ou telle fortune, qu’il exerce telle ou telle profession ; et le tableau rapproché de ces distinctions bizarres dans les diverses nations, sera la meilleure réponse que nous puissions opposer à ceux qui en soutiennent encore les avantages et la nécessité.

Mais, dans ces mêmes pays, les lois garantissent la liberté individuelle et civile. Mais si l’homme n’y est pas tout ce qu’il doit être, la dignité de sa nature n’y est point avilie : quelques-uns de ces droits sont au moins reconnus ; on ne peut plus dire qu’il soit esclave, mais seulement qu’il ne sait pas encore être vraiment libre.

Chez les nations où, pendant le même temps, la liberté a fait des pertes plus ou moins réelles, les droits politiques dont la masse du peuple jouissoit, étoient renfermés dans des limites si étroites, que la destruction de l’aristocratie presque arbitraire sous laquelle il avoit gémi, semble en avoir plus que compensé la perte. Il a perdu