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avec justice reconnoître quelque supériorité dans le génie des hommes qui en ont créé les chefs-d’œuvre, il est bien difficile qu’en comparant leurs ouvrages avec les productions de l’Italie et de la France, la raison n’apperçoive pas les progrès réels, que l’art même a faits entre les mains des modernes.

La langue italienne étoit entièrement formée ; celles des autres peuples voyoient chaque jour s’effacer quelques traces de leur ancienne barbarie.

On commençoit à sentir l’utilité de la métaphysique, de la grammaire ; à connoître l’art d’analyser, d’expliquer philosophiquement, soit les règles, soit les procédés établis par l’usage dans la composition des mots et des phrases.

Par-tout, à cette époque, on voit la raison et l’autorité se disputer l’empire, combat qui préparoit et qui présageoit le triomphe de la raison.

C’est donc alors que devoit naître cet esprit de critique qui seul peut rendre l’éru-