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qui pouvoient y conduire ; on s’instruisoit des intérêts qui devoient en faire sentir le besoin.

On ne connut d’abord Aristote que par une traduction faite d’après l’Arabe ; et sa philosophie, persécutée dans les premiers instans, régna bientôt dans toutes les écoles : elle n’y porta point la lumière ; mais elle y donna plus de régularité, plus de méthode à cet art de l’argumentation, que les disputes théologiques avoient enfanté. Cette scolastique ne conduisoit pas à la découverte de la vérité ; elle ne servoit même pas à en discuter, à bien en apprécier les preuves ; mais elle aiguisoit les esprits ; et ce goût des distinctions subtiles, cette nécessité de diviser sans cesse les idées, d’en saisir les nuances fugitives, de les représenter par des mots nouveaux, tout cet appareil employé pour embarrasser un ennemi dans la dispute, ou pour échapper à ses piéges, fut la première origine de cette analyse philosophique, qui depuis a été la source féconde de nos progrès.

Nous devons à ces scolastiques des no-